L'arbre-monde - Richard Powers

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Après des années passées seule dans la forêt à étudier les arbres, la botaniste Pat Westerford en revient avec une découverte sur ce qui est peut-être le premier et le dernier mystère du monde : la communication entre les arbres. Autour de Pat s'entrelacent les destins de neuf personnes qui peu à peu vont converger vers la Californie, où un séquoia est menacé de destruction.

Au fil d'un récit aux dimensions symphoniques, Richard Powers explore ici le drame écologique et notre égarement dans le monde virtuel. Son écriture généreuse nous rappelle que, hors la nature, notre culture n'est que "ruine de l'âme ".

Choral et audacieusement construit en quatre parties hautement métaphoriques («racines», «tronc», «cime» et «graines»), le récit entreprend d'évoquer les destins lâchement liés de neuf protagonistes et des circonstances qui ont mené chacun à l'action. La première partie, très dense, se dissémine en neuf longues nouvelles dont chacune aurait pu aboutir à un roman en soi, vertigineux de détails et de conséquences : celui de Nicholas, artiste dépressif dont la famille, avant de disparaître brutalement, avait réussi à maintenir en vie l'un des derniers châtaigniers d'Amérique, espèce éradiquée au début du

XXe siècle suite à une épidémie cryptogamique ; celui de Neelay, fils d'immigrants indiens, devenu paraplégique suite à la chute d'un arbre, qui devient un génie des jeux vidéo et l'auteur d'un jeu inspiré par le débordement du vivant ; ceux encore de Douglas, vétéran de guerre et de l'expérience de Stanford, d'Olivia, étudiante revenue d'entre les morts qui pense communiquer directement avec la nature, ou de Patricia, sourde, garde-forestière et dendrologiste, auteure d'une thèse révolutionnaire sur la manière dont les végétaux communiquent. Tous ceux-là (et quelques autres) se retrouveront autour d'actions inspirées par le «Redwood Summer» de 1990, événement central des «Timber Wars» qui virent s'opposer éco-guerriers et exploitants forestiers d'Amérique du Nord à un moment charnière de la transformation de la sylviculture en exploitation intensive, cette «économie suicidaire».
Avec eux,  Richard Powers s'instruit, donc, et nous enseigne en même temps une leçon qui tient autant de la science que de la philosophie : comment la nature pense, se parle à elle-même et s'organise sans avoir recours à la raison ; comment les forêts s'organisent par le biais de vastes réseaux de communication ; comment les arbres «imaginent» leur propre destin quand ils font s'étendre leurs branches vers le ciel et le futur.
Un grand roman écologique et humaniste.