Prix Jean Giono 2022
Prix Renaudot des Lycéens 2022

    Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant. Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude. Ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.
    Dans la lignée de Et toujours les Forêts, Sandrine Collette plonge son lecteur au sein d’une nature aussi écrasante qu’indifférente à l’humain. Au fil de ces pages sublimes, elle interroge l’instinct paternel et le prix d’une possible renaissance.

    Avec « On était des loups », c’est un roman puissant que nous offre Sandrine Collette. Le narrateur est Liam le personnage central. Tout comme cet homme, le discours est brut, sans fioriture. La ponctuation est rare, ce qui rend le récit très rapide, presque haletant. A tel point qu’il est difficile d’en abandonner la lecture.
    L’histoire - le périple de cet homme qui voyage seul avec son fils qui l’encombre, au cœur d’une nature sauvage et hostile et qui va devoir apprendre à devenir père – est elle aussi d’une rare intensité. Le climat est tendu à l’extrême, presque anxiogène. Le suspense est présent jusqu’à la fin du roman, ce n’est qu’à la dernière page que l’on souffle, enfin…

Un roman à lire absolument !

Roman SF

Ella a un don.
Parfois, quand elle regarde un enfant et avant que son nez ne se mette à saigner, elle sait s'il va devenir infirmier en gériatrie où s'il va mourir avant l'âge de onze ans, étendu sur un trottoir, les yeux tournés vers le ciel, injustement fauché par l'incompréhensible guerre des gangs qui ensanglante son quartier depuis toujours. Pirus, Crips, Bloods, la violence a tant de noms à Compton.
Quand son frère Kevin naît, en 1992, pendant les émeutes consécutives à l'acquittement des policiers impliqués dans l'affaire Rodney King, Ella sait déjà que sa famille va quitter la Californie pour Harlem et qu'elle tiendra bientôt dans sa main sa première boule de neige. Mais déménager ne permet pas toujours d'échapper à la violence et à l'injustice.
Ella a un don ; pour elle, pour Kevin, pour l'Amérique, sans doute le temps est-il venu de l'utiliser.

Ce roman met en scène un trio familial fictif qui permet de comprendre la réalité du racisme et des brutalités policières subies par les afro-américains ces dernières années. « L’architecte de la vengeance » est une série d'uppercuts d'une rare violence qui tapent là où ça fait mal : au cœur. Avec une plume trempée dans le feu, une plume qui scalpe le récit comme on sculpte un bloc de pierre pour en faire une statue que personne ne pourra ignorer.
L'auteur nous secoue, nous émeut, nous transporte, nous fracasse et nous laisse là, à comprendre que tout cela mènera à la vengeance…à défaut d'obtenir justice.

1634. Le Saardam quitte les Indes néerlandaises pour Amsterdam. À son bord : le gouverneur de l'île de Batavia, sa femme et sa fille. Au fond de la cale, un prisonnier : le célèbre détective Samuel Pipps, victime d'une sombre affaire.
Alors que la traversée s'avère difficile et périlleuse, les voyageurs doivent faire face à d'étranges évènements. Un symbole en lettres de sang apparaît sur la grand-voile, une voix terrifiante se fait entendre dans la nuit, et bientôt on retrouve un cadavre dans une cabine fermée de l'intérieur. Le bateau serait-il hanté, ses occupants maudits ? Aucune explication rationnelle ne semble possible. Et l'enquête s'avère particulièrement délicate, entre les superstitions des uns et les secrets des autres.

Ce roman va vous bringuebaler de bâbord à tribord, de fond de cale en haut du grand mat, à travers une intrigue démente qui vous ballottera entre logique et fanatisme.
Stuart Turton est un auteur unique, qui construit des histoires qui semblent folles mais où le moindre détail est pensé, pesé, pour jouer avec le lecteur et rendre le dénouement encore plus étourdissant. Un livre qui  ravira les amateurs de Sherlock Holmes.

Tandis que la nuit tombe, huit  femmes attendent l'arrivée d'un passeur qui doit les mener sur une île au large de la Bretagne. Toutes ont payé le prix pour suivre un programme leur promettant de retrouver leurs vingt ans. Seule l'une d'entre elles, invitée, s'est juré de résister à la tentation. Mais le séjour et le mystère grandissant qui l'entoure, tout autant que le trouble suscité par le docteur Faust, vont lui révéler la difficulté de refuser ce pacte diabolique.

Ce livre est un  roman multiple : roman d'intrigues, roman initiatique, roman d’introspection, roman de mœurs, roman historique...tout y est. L’Île du docteur Faust est une lecture foncièrement contemporaine et terriblement intemporelle.
À travers le portrait de ces huit femmes, dont les différences ne font que souligner la ressemblance, c’est l’humanité dans ce qu’elle a de plus basique, mais également de plus complexe, que Stéphanie Janicot nous propose d’étudier à la loupe.
Et peut-être qu’en trouvant les réponses aux nombreuses questions soulevées par l’intrigue, vous en découvrirez d’autres que vous n’aviez encore jamais pensé à vous poser à propos de vous-même.
Un roman pluriel fort intéressant et très plaisant.
À découvrir !